Je vais oser, oser me dévoiler plus que de coutume. Je n’aime pas vraiment parler de moi, parce que je voue un culte de l’intime parfois un peu trop poussé, et ce qui a attrait à mon monde en fait parti… et mon monde, il est vaste, très vaste. Alors, je le garde pour moi, comme une forteresse, un refuge que je n’exposerais pas au regard du monde. Mais comment parler de ma perception de ce qu’est le “coeur” et de la manière dont je le ressens sans aller fouiller au plus profond de mon être, sans vous parler de moi, et surtout sans y poser des mots. Les bons mots, les plus justes. Alors je vais lever le voile et oser.
Pour dire vrai, je n’ai jamais été à l’aise avec le vocabulaire que l’on utilise dans le monde de la “Spiritualité“. Même le mot “Spiritualité” m’a souvent gêné. Et sur Graine d’Eden, vous avez certainement remarqué qu’il m’a fallu au moins 2 ans avant de nommer par ce mot les thèmes que j’aborde et que je partage avec vous. Il ne s’agit pas en soi de quelque chose qui est spécifiquement lié à cet univers, ou d’un domaine avec lequel je ne me sens pas à l’aise. J’ai toujours pris beaucoup de distance avec les termes lexicaux propres à une activité, à un domaine ou à une dimension. C’était le cas pendant mes années aux Beaux Arts, où on devait employer un lexique dédié, et ce fut également le cas en agence où les mots ne pouvaient se comprendre que par les personnes “du milieu“. Et c’est bien cela qui me dérange : des mots qui ne peuvent être compris exclusivement par certaines personnes, par les initiés.. comme si certaines connaissances étaient l’apanage de privilégiés. Même si j’ai bien conscience que ces codes sont aussi des outils qui facilitent la communication au sein d’une activité, j’ai aussi souvent constaté que certaines personnes s’en régalaient pour créer de la distance et s’octroyer un certain pouvoir en affichant aux yeux de tous un savoir qui se cacherait derrière ces mots. Les mots créent parfois des barrières et cloisonnent. Et c’est ainsi que l’on se forge une idée déformée de sujets qui pourtant pourraient concerner tout le monde. C’est le cas, par exemple, avec La Spiritualité. Tout le monde est concerné par ce qui est de l’ordre de l’Esprit (Caractère de ce qui est indépendant de la matière) et notre monde intérieur en fait partie. Il ne s’agit pas de croyance, mais d’une partie de notre nature. Une partie qui se vit bien plus qu’elle ne se nomme. Et parce que nous lui collons des croyances nommées, la Spiritualité perd tout son sens premier, et se cloisonne dans des champs de compétences qui nous divisent plutôt que de nous rassembler. La manière dont nous relayons son essence crée des idées préconçues et des préjugés au sein de notre Société. C’est pour cette raison que j’essaie toujours de ne pas employer ces mots dans mes guidances et dans les diverses publications que je vous propose… Mais à un moment donné, il y a des termes qui, finalement, s’imposent d’eux-même. Et C’est le cas avec le mot “Coeur“. Il ne s’agit que d’un mot et ce qui est important est l’idée qu’il véhicule, ou le concept si vous voulez. C’est toujours délicat de nommer ce qui se ressent et se vit, l’impalpable est tangible par ceux qui ont conscience d’en faire l’expérience. Les autres, le vivent sans savoir le nommer, et donc le reconnaître. En tout cas, c’est ce qui m’intéresse : comment comprendre ce qui est de l’ordre de l’Esprit, impalpable et subtil, et de quelle manière nous l’intégrons dans notre perception du monde et dans notre quotidien. En somme, comment nous les vivons et que faisons-nous d’eux. Et pour cela, il faut en premier lieu se rendre compte que nous vivons tous cette partie invisible de notre être, même si elle est silencieuse à notre conscience.
Aussi lorsque nous parlons du “coeur“, mais de quoi parle t-on ? Aussi je vais essayer de mettre des mots sur cette forte émotion, parce que c’est par l’émotion, le sensible qu’on le reconnaît et qu’on l’identifie. Et autant symboliquement que culturellement, tout ce qui fait référence au monde du sensible est associé à notre coeur. C’est pour cela qu’il n’y a pas de mot plus juste pour le définir. Car il est aussi intimement lié à l’Amour. Mais ces termes portent aussi à confusion. Quand on s’entend dire “Il faut écouter son coeur”, on a l’impression qu’il s’agit d’un acte de foi qui impose le sacrifice et l’oubli de soi. C’est par exemple le cas quand nous sommes dans une relation sentimentale où l’autre se comporte de manière irrespectueuse ou tout du moins qui s’avère être difficile à vivre. Ecouter son coeur, mais où est la limite ? En réalité, je pense qu’il ne s’agit pas de limite, et encore moins d’abnégation de soi. Il n’est pas question d’aimer à s’en oublier… même si aimer impose de s’oublier. Quel paradoxe ! C’est le niveau d’interprétation qui diffère. Ecouter son coeur pour réveiller notre compassion et bienveillance et, réussir à pardonner les mots et les gestes blessants; mais aussi savoir fixer les limites de ce qui nous est supportable ou pas. Il n’est donc absolument pas question de se complaire dans une relation toxique. Et pour parvenir à ce détachement vis à vis de ses propres blessures, il faut sacrifier quelque chose : notre “Ego“. Voilà donc un terme propre au domaine de la spiritualité et du développement personnel. Il s’agit de cette partie de nous même qui nous convainc d’être individuellement mieux que l’autre, supérieur par bien des aspects. Personnellement, je pense, malgré tout, que cet Ego est parfois nécessaire car il joue également un rôle dans notre instinct de survie. Cette partie de notre être, est également celle qui tisse tout un réseau intérieur de méandres et de conflits, jouant sur nos fragilités pour créer nos peurs. Mais il s’agit d’un autre sujet. Sur le plan personnel, voici un exemple d’écoute de son coeur : Imaginons que je me dispute avec un ami (c’est valable avec n’importe quelle autre personne, mais cela fait encore plus de mal quand c’est une personne de confiance), il a des mots très durs, blessants et que je trouve injustes. Il me fait mal, très mal. Il touche directement à mes fragilités et à mes peurs. Mon instinct de survie “émotionnel” et psychologique se réveille d’un coup. Aussi, je suis face à deux choix : soit je contre-attaque pour me protéger.. et aussi pour le mettre à terre et lui faire autant de mal qu’il m’en fait. Ou alors, j’essaie de vivre ce moment d’un autre angle de vue. Je me concentre sur mon “coeur“. Je mets de côté cet instinct de survie (car il peut être utile), et je laisse l’amour que je porte à mon ami prendre les rennes de mes émotions. Ce sentiment d’amour me permet de me protéger de mes propres peurs et de mes émotions négatives, et me fait prendre de la distance vis à vis de ses paroles. Car finalement sa colère et ses mots, même s’ils ne sont pas acceptables, ne sont que l’expression d’un mal être qu’il éprouve à cet instant. Et si j’aime, cette blessure qui est à vive en son fort intérieur, et qui le fait réagir – même si directement, elle ne me concerne pas – demande plus d’attention que la forme qu’elle prend pour s’exprimer. Et ce choix de “coeur” n’est pas antinomique avec une mise au point avec mon ami sur son comportement. Et la suite de l’histoire sera définie par la volonté de chacun à soigner cette expression et le respect des limites de chacun. Il ne s’agit donc pas de tout accepter aveuglément par peur de perdre l’autre ou parce qu’on se complait dans une relation toxique. Dans cet exemple, il s’agit d’une expression du “coeur” limitée à notre monde personnel, car cette “émotion” est beaucoup plus vaste et universelle.
Cette émotion est plus facilement identifiable pendant l’enfance, même si à cette âge on ne sait pas la verbaliser. Je crois que c’est une caractéristique de l’enfance car elle est étroitement liée à l’innocence. Néanmoins, pour moi, elle était vraiment fondatrice de toutes mes croyances. Evidemment, je ne disais pas “j’écoute mon coeur” ! Pas de manière consciente et réfléchie, et j’étais bien incapable de la reconnaître, de l’intellectualiser ou même d’en parler. Je la vivais, c’est tout. Elle était le moteur de tous mes choix, intentions et de mes impulsions. Je réagissais à en être parfois inconséquente. Pour chaque personne, ce qui fait vibrer le “coeur” est différent, son essence (au sens propre comme figuré) est authentique, et elle est intimement lié à notre être sans empreinte culturelle ou éducationnelle. Pour ma part, il s’agissait de la notion de Justice, mais pas celle des hommes, mais quelque chose de plus “Supérieur” (je n’aime pas ce mot, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour l’exprimer). Dans la cour d’école, si j’étais témoin de ce que je considérais être une injustice, je ne pouvais faire autrement que défendre la victime. On se moquait d’un autre enfant, et je prenais son parti ! On humiliait quelqu’un, et je me mettais dans des colères monstres à en devenir complètement ingérable. On abusait de sa force (physique, psychologique ou autre), et là du haut de mes 40 kilos je me confrontais physiquement à des plus grands que moi pour défendre mes valeurs et aider ceux que je considérais être les plus faibles. Je ne réagissais pas toujours de la meilleure manière possible c’est vrai, mais c’était plus fort que moi, je réagissais même s’il fallait en arriver aux mains ! Tous les “boucs émissaires” devenaient mes seuls amis. Des amis éphémères, je le savais. Mais peu importe, que je sois seule ou pas, j’avais fait ce que me dictais “mon coeur“, et l’émotion de plénitude d’avoir fait quelque chose en accord avec moi-même me remplissait tellement que je considérais que tout était à sa juste place. Ne rien faire m’était insupportable, et agir me remplissait d’un sentiment de bonheur inexplicable et peu importe si je me mettais en danger. Ce sentiment se faisant de plus en plus grand, je me sentais de plus en plus forte et surtout, reliée à quelque chose de plus Grand que moi. A tel point que je m’imaginais mourir en secourant quelqu’un, et que du haut de mes 12 ans je souhaitais rentrer dans les ordres pour servir ce que j’appelais le “bien“. Ce choix était à l’époque très influencée par le collège catholique que je fréquentais et je ne savais pas qu’il était possible de délier mes propres élans du coeur à la religion. Ce n’était pas toujours facile pour moi car ma famille n’était pas croyante et seule une “bonne éducation” les avait motivées à nous placer, ma soeur et moi-même, chez les Soeurs. Je peux vous dire que mes élans de coeur (mes convictions) étaient si solides, que je supportais les moqueries de ma grande soeur et de ses amies qui ricanaient de me voir prier dans l’autel de fortune que j’avais créé sous mon bureau de collégienne… Quant à ma mère, même si elle ne s’est jamais moquée de moi, je sentais quand même que cela n’ennuyait un peu de me voir devenir “Bonne soeur”. Mais peu importe, même si j’étais seule, j’aimais cette solitude et ne ressentais pas le besoin d’avoir une panoplie d’amis, comme c’est souvent le cas à cet âge. Je ne dirais pas que je n’en ai jamais souffert, mais dans l’ensemble, je me sentais tellement liée à quelque chose de tellement plus important que moi que cela m’aidait à supporter les rires et dires des uns et des autres. Paradoxalement, cette émotion causait aussi beaucoup de mélancolie et de tristesse quand j’observais notre manière de nous comporter, nous les humains. Je ne me sentais pas à ma place parmi eux. Je n’étais pourtant pas mieux, mais simplement différente. J’ai même effleuré la misanthropie et les souffrances que je ressentais face à tout ce qui m’insupportait dans la nature humaine m’a parfois donné l’envie de me dématérialiser, c’est à dire de mettre fin à mes jours. J’ai longtemps du m’accommoder de ce sentiment contradictoire qui vacille entre amour pour l’humanité et mépris pour la nature humaine, et j’ai également longtemps souhaité ne plus en faire partie. Comme un rejet de ma propre nature. Et puis, le temps a fait son travail, et les expériences personnelles aussi. Même si tout ce qui m’animait restait intact, j’ai vite compris que je pouvais les exprimer hors toute forme de religiosité. Cette révélation fut si forte, que j’ai eu une période de rejet total pour tout ce qui touchait aux religions… tout en voulant les comprendre puisque je me suis intéressée à la théologie. Et puis voilà, on devient “grand“, et on se laisse emporter par les responsabilités et les contingences matérielles viennent asseoir leur domination et prennent le pouvoir sur nos vies. On finit par mettre de côté ce sentiment de lien avec ce Tout.. Et par conséquent, à se détourner, petit à petit, de son coeur. Cette puissante émotion qui fait vibrer notre coeur se tapis doucement… et puis on finit par l’oublier. Enfin, c’est ce que je croyais. Je n’ai jamais oublié ce qui me le faisait vibrer et ce qui me donne la sensation d’être vraiment vivante, comme je n’ai jamais oublié mes combats et mes motivations et, à bien des égards, on me la rappelait continuellement au sein de ma vie professionnelle et personnelle. Aux Beaux-Arts, lieu où en toute logique les normes ne sont pas légions, mes professeurs cherchaient désespérément à me définir, et s’entêtaient à essayer de comprendre ce qui me motivait à créer. En agence parisienne, mes supérieurs ne comprenaient pas comment m’aborder afin de m’emmener là où ils le souhaitaient puisque l’ambition, l’argent ou encore l’orgueil n’étaient pas des leviers sur lesquelles ils pouvaient s’appuyer. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé en courbettes et en promesses. Et ma vie personnelle a été marquée par de l’incompréhension face à ma sensibilité et réactions sur ce qui semblait tellement anodin au regard de mes petits amis de l’époque. Amis qui ne comprenaient pas que je me refusais à regarder les actualités pour me protéger des pires travers de la nature humaine et ma sensibilité; ou encore, qu’à mes yeux, l’intention était bien plus importante que ce qui en résultait. Parce que l’intention est une photographie du coeur avant l’action, un instantané photographique de ce qui s’y loge. Et au quotidien, dans nos relations, si on n’apprend pas à gérer nos motivations de coeur, on génère des conflits en s’arrêtant sur des détails qui finissent en procès d’intentions… Ce n’est pas chose évidente que d’écouter son coeur tout en apprenant à composer avec son entourage. Parmi ceux qui ont compris mes plus intimes motivations, certains les ont instrumentalisées en profitant de mon besoin viscérale de justesse qui exacerbait ma nécessité de comprendre l’autre. Et je les ai laissé dépasser les limites de l’inacceptable. Et c’est ainsi que ce sont dans des relations difficiles et parfois toxiques que j’ai appris à tracer des limites tout en essayant de “garder mon coeur intact” (J’apprends toujours)…. Mais même si mes motivations restaient semblables, avec les années, j’ai eu le sentiment de perdre ce lien puissant que je ressentais naturellement à mon plus jeune âge. Ce sentiment de connexion avec cet infini que l’on nomme dieu, Gaïa, l’univers. Tout cela ne sont que des mots pour nommer l’innommable. A une époque, le mot “dieu“, me renvoyait à mes années catholiques, aussi, je l’ai longtemps appelé “L’Intelligence Supérieure”. A une autre époque, je l’ai même complètement étouffé par “déception” en m’attachant à la perception d’un monde basé sur les sciences et les mathématiques… Allant même, par cynisme, jusqu’à m’imaginer que nous étions les souris de laboratoire de cette Intelligence qui s’amusait à nous voir nous entretuer; ou encore les pions d’une partie d’échec entre les dieux des différentes religions qui s’amusaient à ce jeu de pouvoir pour le gagner. Mais malgré la force que je mettais à l’ignorer, ne pas le nommer, ne signifie nullement ne pas en faire l’expérience ! Car si cette émotion pleine et vibrante s’est diluée à se faire très souvent absence, elle continuait à me saluer de temps à autre lorsque j’avais la sensation de faire quelque chose en parfaite harmonie avec ce que je pensais devoir faire. Ce que je devais faire ? Il ne s’agit pas de quelque chose que la société ou une religion dicte. Cela n’a rien à voir avec ce que d’autres pensent être bien ou conforme. Comment l’exprimer ? Il s’agit de cette joie très profonde que l’on ressent qui n’est pas liée à un plaisir d’égo, comme si vous aviez la conviction inébranlable que vous avez répondu à une “attente” de votre âme, c’est à dire à votre plus profonde et subtile nature, à celle pour laquelle vous avez un rôle à jouer. Une chose en totale harmonie avec quelque chose de bien plus grand que vous. Quand on ressent cette émotion, il n’y a aucun doute que l’on a écouté son coeur. Et dans ces cas, je peux vous assurer que peu importe ce qu’il advient des choix que l’on a fait, il n’y a absolument jamais de regret. Même si ces choix ne sont pas toujours compris par les autres. Pour la simple et bonne raison, que ce sentiment est toujours accompagné par l’inébranlable sentiment d’être vraiment à sa place, d’être dans le Vraie, d’accomplir sa Vérité. Et quand on sent à sa parfaite place, perdre des éléments de la dimension matérielle de nos vies, ne sont même plus des sacrifices, mais sont simplement relayés au dernier plan de nos priorités. C’est d’ailleurs pour cette raison, que l’on dit que “notre coeur” est le siège de notre âme, et qu’on sait la reconnaître dans ce que l’on aime faire, car elle s’y manifeste.
Si Ecouter son coeur, donne à une petite fille la force de supporter la solitude, les moqueries et l’incompréhension des autres. Alors, imaginez la puissante plénitude qu’elle apporte quand on est adulte. C’est ça écouter son coeur, le siège de l’âme. C’est Vivre sa Vérité. Pas celle des autres, pas celle d’une religion, ni celle des diktats d’une Mère Société, ou encore celle de nos parents et proches. Non, la Vôtre. Et il n’y en a pas une meilleure qu’une autre. Suivre son coeur, ce n’est pas quelque chose que l’on fait pour plaire aux autres, ou pour regonfler l’estime de soi, ou comme faire-valoir. Non, c’est faire quelque chose qui est en soi de manière authentique sans savoir l’expliquer, simplement parce que c’est là et que cela fait partie de soi.
Image : L’Oracle des Artisans de Lumière